8e Festival du Jamais Lu Québec
du 6 au 8 décembre 2018

au Théâtre Périscope
2 rue Crémazie Est, Québec

à la Maison de la littérature
40 rue Stanislas, Québec

Ce qui nous indéfinit

Ce qui nous indéfinit, c’est ce qui dans le discours ne parvient pas à nous identifier.

On ne peut dire que le commun. Le langage regroupe, étiquette et classe. Être femme, c’est appartenir au groupe femme, être petit, c’est appartenir à l’ensemble petit, être auteur, c’est correspondre à la définition communément admise de l’auteur. Puisqu’une définition exige une reconnaissance collective, aucun terme n’a été créé pour définir l’unique. Ainsi, chacun rencontre quelque chose d’insaisissable en lui comme dans l’autre. Quelque chose qui l’étonne et lui échappe. Chez lui, chez l’être aimé, chez ceux qu’on admire, chez ceux qui nous inspirent. Cette chose appartient à l’indéfini, elle nous glisse toujours entre les doigts, et nous ramène au cœur même de notre être, là où les choses ne sont pas nommées, là où elles sont soulèvement, trouble, vertige, joie.

Comme le beau, l’indéfini est un inutile essentiel. Le terreau fertile sur lequel on invente. Parce que ce terrain marginal est le seul qui puisse embrasser toute l’amplitude de ce qu’on appelle la liberté.

Être confronté à l’indéfini, c’est traverser une période de mouvement. C’est un passage d’une extrême sensibilité. On y frôle nos bords, nos limites. On y découvre des sensations effrayantes, des jouissances nouvelles, qui nous traversent avec une intensité trop rare. Les termes qui nous définissaient ne tiennent plus. Les qualificatifs qu’on empruntait pour se présenter sonnent faux. Comme lors de l’adolescence, notre visage public se renverse.

Les textes qui ont été déposés cette année ont été déterminants dans le choix de la ligne éditoriale. De nombreux projets représentaient des univers déréglés, hors du temps, des univers qui insistaient sur la nature nouvelle, illisible, angoissante du monde. Comme si ces auteurs, par la fiction, tentaient de remettre de l’ordre dans un environnement en transformation, un monde dans lequel ce qu’on nous a enseigné ne sert plus. Comme si, par le jeu, ils tentaient de reprendre le contrôle, d’apprivoiser l’indéfini pour gérer le trouble qu’il provoque.

Oui, nous entrons, depuis quelques années, dans une période où l’indéfini est palpable, conséquent, indéniable. Nous le pressentions depuis longtemps déjà, mais nous voilà les deux pieds dedans. Ce qui nous paraissait clair, évident, « naturel » ne l’est plus. Ce qui allait de soi ne tient plus. L’indéfini s’étend sur tous les domaines, publics et privés. De la finance spéculative à l’avenir climatique, de la laïcité à la fluidité des genres, du multiculturalisme à l’éclatement de la famille. L’indéfini dérange. Il provoque le recul, le déni, le refoulement. Mais aujourd’hui, je vous invite à percevoir la part belle de l’indéfini, à l’aborder comme un terrain encore neuf, à défricher avec l’excitation des premières fois. Je vous invite à faire confiance à l’indéfini.

Souvenons-nous que ce vertige, nous l’appelions. L’humain marchait lentement mais sûrement jusqu’à lui. Parce qu’on a tous besoin d’échapper au défini, au prescrit, au recevable. Cet espace protégé échoue à contenir la vastitude de l’humain. Cherchant constamment de nouveaux territoires pour l’élan qui nous traverse, nous sommes fascinés par l’indéfini. Il opère sur nous une forme de joyeuse épouvante qui nous rappelle que nous sommes en vie, et nous ramène à notre pouvoir de création.

Soutenir l’indéfini : c’est là que se trouve le défi. L’accompagner dans sa quête de forme jusqu’à ce qu’il se révèle. Et choisir de faire confiance à l’humain. À sa recherche de beauté et à sa reconnaissance du vrai, éléments pour lesquels il lutte infatigablement.

Marianne Marceau © Hélène Bouffard
Marianne Marceau
Directrice artistique, Jamais Lu Québec

Mercredi 5 décembre

18 h

Gratuit

LES PAYS IMAGINAIRES
Fenêtre ouverte sur la classe de maître
à la Maison de la littérature

MICHEL MARC BOUCHARD
et les dix participants

Jeudi 6 décembre

Programme double : 20 $

18 h

Gratuit

CE QUI NOUS INDÉFINIT
Coup d’envoi + pizza + bières

19 h

13 $

VOIR POUR CROIRE
Lecture intégrale

20 h 30

13 $

VERGLAS
Lecture intégrale

Vendredi 7 décembre

10 h

13 $

PRINCESSE DE PERSONNE
Lecture jeune public

Samedi 8 décembre

22 h

Gratuit

En ligne ou par courriel
theatreperiscope.qc.ca
billetterie@theatreperiscope.qc.ca

Par téléphone
418-529-2183

Sur place
Théâtre Périscope
2 rue Crémazie, Québec
>> Carte

Tarifs

Lectures théâtrales : 13 $
Programme double (6 déc.) : 20 $
Lecture jeune public : 13 $
Soirée de clôture : 18 $ / 15 $ en prévente*

4 événements pour 44$
Les passeports «4 événements pour 44$» sont en vente uniquement par téléphone (quantité limitée).

* La prévente se termine le 5 décembre à 20 h.

 

Pour toute information sur le Jamais Lu, n’hésitez pas à nous contacter à info@jamaislu.com.