Dans un de ces parcs de Montréal, plus petits qu’une main, qui sont cachés entre deux coins de rues peu passantes, qui n’ont qu’un seul banc, peut-être un carré de sable et une glissade, et qui, trop souvent, portent le nom d’un poète méconnu. Sur ce banc, une rencontre. Une fillette en quête de réponses, un homme dans le mauvais corps.
Juliette — Je m’appelle Juliette. Juliette l’Abeille, pour quelque temps. Et toi?
Claude — Claude. Claude juste Claude, pour toujours.
Juliette — C’est un prénom de monsieur ou de madame?
Claude — Ni l’un ni l’autre, je pense.
Juliette — Oui, je comprends.
(Il la regarde.)
Juliette — C’est un prénom qui a oublié qui il est. C’est un prénom perdu.
Claude — Perdu?
u BIOGRAPHIE DE LAURIE LÉVEILLÉ
Photo : Rémy Boily
